A SAVOIR #5 – Le télétravail

Articles, podcasts, études, vidéos… : A savoir égal vous propose sa revue de web autour d’une notion sociale dans l’actualité ou l’air du temps. Au menu de ce #5 : le télétravail. Découvrez et partagez !

Le reconfinement l’a remis au centre des débats : le télétravail, qui vient de faire l’objet d’un accord national interprofessionnel, va de toute évidence s’installer durablement dans les entreprises. Plébiscité par de nombreux salariés, fatigués des transports et du travail en open space, le télétravail n’est pourtant pas toujours bien vécu lorsqu’il n’est pas entouré de garde-fous. Pire, il « met notre santé psychique à rude épreuve » titre le journal 20 Minutes qui relate notamment le développement des « incivilités numériques », les messages écrits EN CAPITALE ou envoyés en copie à toute la ligne hiérarchique… Il est également un « facteur de risques de pratiques addictives » nous apprend l’agence APM News, citant une enquête de GAE Conseil.

N’en jetez plus… Mais alors, comment tirer le meilleur du télétravail sans créer de nouveaux risques pour la santé ? Écoutez à ce sujet le podcast réalisé en juillet dernier par Santé Magazine et qui donnait la parole à Marie Pezé, psychanalyste et spécialiste de la souffrance au travail. La réponse dépend de l’autonomie laissée aux salariés, explique-t-elle. Car c’est dans la combinaison du télétravail et d’une organisation du travail rigide, axée sur le contrôle et le présentéisme, que réside le danger.

La question du contrôle est en effet centrale. C’est la peur de perdre le contrôle qui explique les réticences au télétravail, souligne le consultant Franck Bonot dans une tribune parue dans Actuel-RH, et qui passe aussi en revue les risques d’ubérisation. En réponse à cette crainte, tout un marché de la surveillance à distance se développe, comme cet outil qui prend des photos du salarié toutes les 5 minutes…

Une dérive qui a poussé la CNIL à prendre la plume pour rappeler les limites à ne pas franchir. Dans un Questions-Réponses publié sur son site, elle proscrit l’utilisation de méthodes de surveillances disproportionnées comme l’installation de keyloggers, ces logiciels qui enregistrent la frappe sur les claviers d’ordinateurs, le partage d’écran ou l’activation de la webcam en continu. Elle juge également que le salarié ne doit pas obligatoirement activer sa caméra lors des visioconférences.

En matière de contrôle, certaines entreprises ne manquent manifestement pas d’imagination. L’enjeu est désormais d’en faire preuve pour marier télétravail et QVT…

A SAVOIR #4 – L’assurance chômage

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Voulue par le gouvernement, la réforme de l’assurance chômage devait finir d’entrer en vigueur en avril 2020. Une crise sanitaire, économique et sociale plus tard, certaines règles ont été suspendues (les conditions d’éligibilité), d’autres repoussées au 1er avril 2021 (le nouveau calcul des allocations et la dégressivité).

Mais à cette date, qu’est-ce qui s’appliquera vraiment ? Ni la réforme initiale, ni les anciennes conditions, mais plutôt une réforme de la réforme comme l’explique par exemple cet article de Benjamin d’Alguerre d’Info-SocialRH : règles d’ouverture et de rechargement des droits différenciées, nouveau calcul du salaire journalier de référence… Autant de pistes d’aménagement sur lesquelles planche le ministère du Travail pour adoucir les effets d’une réforme dont l’Unedic a estimé qu’elle entraînerait, entre autres, une diminution des allocations de 40% pour 400 000 personnes.

Quelles que soient les modifications retenues, « ce sont les chômeurs les plus vulnérables qui en feront les frais » expliquait Alternatives Économiques dans un article publié au mois de juin dernier. Ce qui au fond ne fait qu’accélérer une tendance déjà ancienne : décortiquant une étude de l’Ires, l’article explique que sur le temps long, les droits des salariés à l’emploi discontinu n’ont cessé d’être réduits : « l’assurance chômage obéit de moins en moins à une logique assurantielle, et de plus en plus à une logique contributive ».

Une autre population se retrouve en marge du système d’assurance-chômage : celle des indépendants. Le volet de la réforme mis en place fin 2019 leur a ouvert les portes de l’indemnisation. Une évolution majeure, mais très limitée selon ce bilan tiré par Les Echos : environ 700 dossiers acceptés en un an et au final peu de demandes pour un dispositif méconnu et aux conditions d’accès restrictives. Des conditions que la crise, qui touche de plein fouet cette population, pourrait conduire à remettre en question, comme on pouvait le lire dans cet article de Metis paru lors du premier confinement.

A savoir #3 – Le dialogue social

Articles, podcasts, études, vidéos… : A savoir égal vous propose sa revue de web autour d’une notion sociale dans l’actualité ou l’air du temps. Au menu de ce #3 : le dialogue social. Découvrez et partagez !

Alors que les partenaires sociaux doivent se retrouver pour négocier sur le télétravail, quelques jours après la « conférence sociale » qui s’est tenue à Matignon, arrêtons-nous sur la notion de dialogue social. Et commençons par nous réjouir des résultats de cette étude de la Dares, relevée par les Clés du social : le dialogue social améliore la performance des entreprises, « quand il s’exerce dans un climat de confiance ». Deux types d’entreprises tirent avantage du dialogue social en matière de productivité et même de développement de l’activité : celles où le dialogue social est « très actif » et celles où le dialogue social est « formel sans conflits ».

Il faut toutefois noter que cette étude a été réalisée avant les ordonnances de 2017, qui a mis en place les CSE dans toutes les entreprises de plus de 11 salariés, en encourageant la négociation d’accords collectifs pour en fixer les règles de fonctionnement. Une opportunité dont les entreprises ne se sont pas saisies, comme le rappelle Pauline de Becdelièvre dans un article publié dans The Conversation. Elle identifie trois « raisons majeures de cet échec » : l’asymétrie entre les acteurs au profit des employeurs, l’absence de diagnostic préalable et l’indépendance « relative » des acteurs.

La crise du Covid-19 a-t-elle redonné un second souffle au dialogue social ? Dans certaines entreprises, « il a constitué un levier essentiel », constatent Marion Gilles et Nadia Rahou, dans cet entretien publié sur le site de l’Anact début octobre.

Mais le dialogue social ne se joue pas qu’à l’intérieur de nos frontières. Le dialogue social européen, avec ses règles institutionnelles spécifiques et ses cultures nationales très différentes, a ainsi donné naissance à un accord inédit sur la transformation numérique dans les entreprises, racontent Nayla Glaise et Jean-Luc Molins dans la dernière livraison du Mag RH consacrée au « vivre ensemble ».

On parle bien là d’une négociation collective, terme qui a tendance à s’effacer derrière l’expression « dialogue social », relève Actuel-CSE, donnant la parole au sociologue Christian Thuderoz. Or, rappelle-t-il, dialoguer et négocier, ce n’est pas la même chose. Et en France, on peine à négocier réellement… notamment faute de méthode efficace. Dans la vidéo qui accompagne l’article, il se réfère à des méthodes nord-américaines qui gagneraient à être adoptées : la négociation raisonnée, la négociation fondée sur la résolution de problèmes…

Une piste explorée par les formations communes, que l’INTEFP est chargée de développer. Pour en comprendre les tenants et les aboutissants, on peut visionner cet entretien d’Agnès Le Bot réalisé par Miroir social au cours de l’été dernier. Ancienne secrétaire confédérale CGT et désormais consultante, elle revient notamment sur la façon dont ces formations permettent de travailler ensemble sur la clarification préalable des enjeux, et de dépasser les questions relationnelles.