« Qualiopi est un gage de qualité pour les acheteurs de formation »

Sur un marché de 90 000 organismes de formation, pas simple de s’y retrouver. Créée il y a tout juste deux ans, la certification Qualiopi apparaît comme un outil de différenciation pour les responsables de formation des entreprises. Laetitia Clanet, dirigeante de Qualitia Certification, revient sur les objectifs et l’intérêt de cette certification qualité.

Qu’est-ce que Qualiopi ?

C’est la marque du Référentiel National Qualité, le RNQ, né avec la dernière réforme de la formation de 2018. Ce référentiel est bâti autour de sept critères qualité, eux-mêmes subdivisés en 32 indicateurs. Lorsque le législateur a créé Qualiopi, son objectif était d’apporter plus de lisibilité sur un marché où cohabitent près de 90 000 organismes de formation de toutes tailles et de s’assurer que les formations financées par de l’argent public répondent à un certain niveau de qualité. Ainsi, le 1er janvier 2022, seuls les organismes certifiés Qualiopi pourront bénéficier des fonds publics ou mutualisés. Mais attention, Qualiopi ne garantit pas la qualité du contenu de la formation.

Que garantit cette certification alors ?

Elle garantit le processus de délivrance de l’action de formation, qu’il s’agisse d’une formation continue ou en apprentissage, d’une action de validation des acquis de l’expérience ou d’un bilan de compétences. Lorsque nous menons les audits de certification, nous cherchons à savoir par exemple comment l’organisme communique sur son offre de formation auprès du public, quels sont les moyens matériels dont il dispose, comme les salles de cours ou les ordinateurs, s’il organise une veille réglementaire en lien avec son environnement professionnel, quelles actions d’amélioration continue il met en place, etc. Nous passons ainsi en revue les sept critères du RNQ  pour lesquels les organismes de formation doivent nous présenter des éléments de preuves.

Quels sont les risques pour un acheteur de formation s’il travaille avec un OF qui n’est pas certifié ?

S’il ne s’assure pas que l’organisme est certifié Qualiopi, les actions de formation ne seront pas prises en charge par les organismes financeurs comme l’Agefiph, par exemple, pour les salariés en situation de handicap, ou encore les opérateurs de compétences. Depuis la loi du 5 septembre 2018, seules les entreprises de moins de 50 salariés peuvent bénéficier des fonds publics ou mutualisés. Si une petite entreprise travaille avec un organisme qui n’est pas certifié Qualiopi, elle ne pourra pas faire financer les actions de formation par son Opco. Pour les plus grandes entreprises, Qualiopi apparaît surtout comme un gage de qualité, un élément différenciant lorsqu’il faut choisir entre deux organismes de formation dont les devis seraient très proches.

Comment s’assurer que l’organisme auquel on s’adresse est bien certifié ?

A terme, une liste des organismes de formation certifiés sera disponible sur le site du ministère du travail. Elle devrait être mise à jour quotidiennement par chaque certificateur dès lors qu’il aura délivré ou renouvelé un certificat à un nouvel organisme de formation. En attendant, les acheteurs de formation peuvent demander à l’OF une copie de son certificat puis appeler le certificateur pour vérifier que l’organisme est bien certifié et que le certificat est toujours valide.

Un certificat peut être suspendu ?

Le certificat Qualiopi est valable trois ans. 14 à 22 mois après la certification initiale nous réalisons un audit de surveillance, puis un nouvel audit au moment du renouvellement du certificat. Si ces audits révèlent des non-conformités, l’organisme certificateur peut suspendre le certificat. Mais ce processus est encadré et l’OF dispose d’un délai de trois mois pour lever les non-conformités avant que le certificat ne soit suspendu. De même, si des réclamations de clients mécontents nous sont remontées. Nous irons alors vérifier la réalité des problèmes rencontrés. L’organisme de formation disposera du même délai pour les résoudre. S’il ne le fait pas, le certificat peut être suspendu.

Anne-Cécile Geoffroy

Cet article a été publié initialement le 30 juin 2021 sur le site Dialogue Entreprise

A savoir #13 : Transition numérique et formation professionnelle

Articles, podcasts, études, vidéos… : A savoir égal vous propose sa revue de web autour d’une notion sociale dans l’actualité ou l’air du temps. Au menu de ce #13 : transition numérique et formation professionnelle. Découvrez et partagez !

Avec l’accélération du digital learning, tous les acteurs de la formation professionnelle se retrouvent confrontés à l’évolution de leurs pratiques, se posent de nouvelles questions et se projettent vers de nouveaux horizons.

À commencer par les organismes de formation, comme en témoigne, dans les colonnes du MagRH, Alain Rocca, pour le centre de formation de l’INA (p.41). Il relate la façon dont le centre de formation s’est engagé au fil des mois dans une “stratégie ambitieuse de dématérialisation de son offre de formation”.

Dans les entreprises, l’essor du digital learning modifie les usages en profondeur. Dans ce podcast proposé par l’ANDRH, David Jestaz, responsable de l’université interne de Faurecia et Vincent Binetruy, de Top Employers, déclinent toutes les tendances à l’œuvre : hybridation des modalités d’apprentissage, mis à disposition de contenus de formation dans le flux du travail, nudge, etc.

L’Aract Ile-de-France s’est pour sa part penchée, dans le premier épisode du podcast “Ça va le boulot”, sur la question de la réalité virtuelle en formation, à travers différents retours d’expérience, dans plusieurs métiers : agents de sécurité et de sûreté, aides à domicile. Les témoins reviennent sur le déroulement de ces projets, et montrent la valeur ajoutée pédagogique que peut apporter la réalité virtuelle : mesure de compétences telles que la capacité à observer, immersion dans des situations de travail réel…

Car l’innovation ne saurait prendre le pas sur la pédagogie, c’est bien dans l’articulation des deux que naît la qualité de l’apprentissage. C’est ce que rappelle Yannig Raffenel, dans cet épisode du podcast TAF. Les questions fondamentales posées par le digital learning ne sont pas des questions techniques, insiste-t-il, mais ont trait à l’ingénierie de formation, à la posture du formateur, à la motivation et à l’accompagnement de l’apprenant.

Des questions que l’on retrouve dans la note d’analyse produite par Défi Métiers sur la transformation numérique du système de la formation professionnelle. L’auteur analyse en particulier son impact sur l’ingénierie pédagogique et la relation entre organismes de formation et apprenants, avec l’apparition de nouveaux usages, de nouveaux acteurs et de nouveaux repères culturels.

A Savoir #10 : l’apprentissage

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En ce début d’année 2021, l’apprentissage est sous le feu des projecteurs. Certes, il semble avoir désormais pris son envol, franchissant en 2020 la barre symbolique des 500 000 contrats, dont 495 000 dans le secteur privé. Des entreprises se sont dotées de leur propre CFA comme la société de transport Keolis qui vient d’ouvrir le sien à Bordeaux explique le quotidien régional Sud Ouest. D’autres, comme l’association d’aide à domicile ADMR, font de l’apprentissage leur nouvelle voie de recrutement, pour mieux préparer les jeunes à ces métiers difficiles et faire baisser le turnover explique La Voix du Nord . Autant de lueurs d’espoir pour l’emploi des jeunes, à une époque où leur avenir professionnel se heurte au mur des crises sanitaire et économique ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, d’autant que derrière ce chiffre se cache une réalité plus nuancée.

En effet, le taux de rupture des contrats d’apprentissage est loin d’être anecdotique. Sur le site d’Alternatives Économiques, Michel Abhervé, spécialiste de l’ESS, en fait le décompte précis sur son blog.

Par ailleurs, nombre de jeunes apprentis se retrouvent aujourd’hui sans employeur ce qui a conduit le ministère du Travail à sonner la mobilisation des acteurs comme le relate cet article publié sur le site de la Banque des territoires. Ainsi le réseau des Carif-Oref vient-il de publier une cartographie des apprentis sans emploi pour tenter de rapprocher l’offre et les demande sur les territoires.

Ce sont aussi les pratiques de certains établissements peu scrupuleux qui interpellent : l’AEF relaye ainsi les inquiétudes de l’Anaf, alertée par le témoignages d’étudiants sans employeurs, sommés par leur établissement de payer des frais d’inscription. Des dérives que Qualiopi pourrait freiner, espère le président de la FFP interrogé à ce même sujet dans cet article de l’Humanité. Rappelons que comme tous les organismes de formation, les CFA ont jusqu’en 2022 pour obtenir cette certification qualité.

Mais pour l’heure, c’est aussi le sort des coûts-contrats qui mobilise les CFA, en particulier dans l’enseignement supérieur. Une “épée de Damoclès” toujours présente, selon le président du réseau Anasup, interviewé par le site InfoSocialRH. De fait, le modèle de financement des CFA est un enjeu stratégique pour pérenniser le succès de l’apprentissage. La transformation du modèle économique des CFA se posera à terme rappelle un article du Centre Inffo. Ces questions seront au cœur de la rencontre entre les acteurs de l’apprentissage et le ministère du Travail le 16 mars prochain, qui devra aussi statuer sur la prolongation des aides à l’embauche.

A Savoir #8 : Qualiopi

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Objectif Qualiopi ! Pour nombre d’organismes de formation et de CFA, l’année 2021 sera tournée vers l’obtention du précieux sésame. Certes, c’est au 1er janvier 2022 que la certification sera obligatoire pour pouvoir prétendre aux fonds publics et mutualisés de la formation. Mais la montée en charge des audits au cours de l’année doit inciter les acteurs à anticiper. Car la démarche « exige du temps en amont et mobilise des ressources », prévient Catherine Troquemé dans cet article du Centre Inffo, que vous retrouverez dans ce dossier très complet sur Qualiopi. Entre autres ressources, signalons une fiche pratique sur le coût de l’audit, ou encore une réflexion sur le digital learning au prisme de Qualiopi.

Mais sur le terrain, comment se déroulent les audits ? Quels enseignements tirer des premières certifications ? Pour le savoir France Compétences a mené une étude flash auprès de différents acteurs et livre les résultats dans ce podcast. Pourquoi les organismes décident-ils (ou non) de se lancer dans la démarche ? Quel sens lui donnent-ils ? Dans certains cas, explique Béatrice Delay, c’est un levier pour transformer durablement les pratiques mais les approches ne sont pas toujours aussi ambitieuses. Pour certains acteurs, « la qualité doit porter sur le contenu transmis et le savoir-pédagogique, note-t-elle. Or Qualiopi ne porte pas sur l’acte formatif, mais sur le process de production de la prestation ».

En novembre dernier, l’Afref avait déjà consacré un Jeudi aux premiers retours de terrain. Plusieurs acteurs étaient venus livrer leur expérience et leurs observations sur les pratiques des OF mais aussi des auditeurs. La question des éléments de preuves, l’hétérogénéité des pratiques des auditeurs, des divergences dans l’interprétation de certains indicateurs font partie des difficultés rencontrées. Toutefois, souligne Gilles Trichet, du cabinet Lafayette, la majorité des OF qu’il a accompagnés ont intégré les principes du management de la qualité sans forcément en être conscients. « Ils ne savent pas qu’ils font bien », rassure-t-il.